« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu beaucoup d’énergie !

Enfant, je bougeais constamment. Sans doute dans l’idée de me canaliser un peu, mes parents m’ont donné très tôt, vers l’âge de 4 ans, l’occasion de faire du sport. Je me suis donc essayé à diverses activités (judo, basketball, rugby, etc.), sans jamais en trouver une qui me donne vraiment l’envie et la motivation d’approfondir, jusqu’à l’âge de 11 ans, où j’ai découvert le kayak dans un centre aéré. J’ai tout de suite adhéré à la pédagogie de mon moniteur et beaucoup apprécié les échanges que nous avions entre copains sur l’eau. Chacun d’entre nous menait son propre bateau, mais nous cultivions un véritable esprit d’équipe, prenant soin les uns des autres, ce qui me plaisait énormément.

Environ 2 ans après, j’ai commencé la compétition.

J’ai fait les championnats de France de course en ligne à deux reprises, en catégorie « minimes » (j’étais alors trop jeune pour le slalom et la descente). J’ai enchainé avec les mêmes championnats, en catégorie « cadets », en slalom et en descente cette fois, les deux disciplines étant combinées. Une fois en « juniors », j’ai gagné deux années de suite la médaille de bronze des championnats de France par équipe et terminé dans les 20 premiers en individuel. L’« esprit club » et la compétition m’ont apporté une certaine stabilité. Alors qu’à l’école, j’étais plutôt le clown de la classe que l’intellectuel du premier rang, avec parfois le sentiment d’être inapte ou en tous cas inadapté, le sport m’a redonné confiance en moi. Grâce au kayak, je me sentais à ma place. Au travers du sport, j’affrontais aussi la rigueur et la discipline avec plus de facilité. La rivière me permettait de canaliser mon énergie. Je pense que c’est également à ce moment-là que j’ai développé une certaine sensibilité à la nature et à l’environnement.

À 19 ans, j’ai terminé le lycée avec un bac pro

« plasturgie et composites » et suis parti travailler à l’usine. J’y ai passé 6 mois. Entre l’ambiance de travail et les vapeurs nocives dans lesquelles nous étions enfermés 8 heures par jour, mon épanouissement personnel était au point mort et j’ai vite compris que ma santé allait prendre le même chemin. Dès le printemps, j’ai réalisé que je n’avais rien à faire là, que cette vie n’était pas pour moi. Il me fallait donc impérativement retrouver ma voie. J’avais obtenu un diplôme d’initiateur canoë-kayak à 16 ans, puis mon monitorat à 18. La suite logique était de passer un Brevet d’État canoë-kayak et disciplines associées.

Pour ce faire, je suis parti en stage en Dordogne durant 2 ans. J’y ai fait la connaissance de Philippe Colomy, un homme d’exception qui m’a pris sous son aile, donné goût au rafting et l’envie d’aller plus loin dans ce domaine. Encore aujourd’hui, je le considère comme mon mentor. Sa philosophie de la rivière et des sports d’eaux-vives a marqué mon parcours.

En hiver, je devais toutefois rentrer à la maison,

car nous n’avions pas de travail sur la rivière. Le jeune adulte que j’étais a donc débarqué chez sa mère dans l’idée d’y prendre ses quartiers jusqu’au printemps suivant. Heureusement, elle ne l’entendait pas de cette oreille et m’a bien fait comprendre que quitter un poste en CDI pour faire des saisons était une décision qu’il me faudrait maintenant assumer ! C’est ainsi que j’ai opté pour un second travail saisonnier, hivernal cette fois, en station de ski. Mon entourage était très dubitatif à ce sujet. Il leur paraissait bien hasardeux d’espérer trouver du travail à la montagne quand on vient du bord de l’océan (15 ans plus tard, je le fais toujours !). J’ai embarqué dans cette aventure un ami du même village, avec lequel nous sommes donc partis en voiture de Charente-Maritime en emmenant une pile de CV, dans l’idée de nous arrêter dans toutes les stations de ski que nous trouverions, de l’ouest des Pyrénées au nord des Alpes. Un peu par hasard, mais surtout parce que j’ai notamment eu la chance de tomber sur les bonnes personnes, j’ai été engagé à Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées. La Vallée des Gaves a été un véritable coup de cœur, autant pour la qualité de vie que l’on y trouve que pour ses habitants, accueillants et ouverts d’esprit. Ses magnifiques paysages dynamisent la pratique des sports de plein air toute l’année. Je m’y suis senti chez moi, à tel point que je ne l’ai plus jamais quittée.

Olivier Volff, mon premier patron cauterésien, m’a énormément aidé.

À m’intégrer dans le village, à travailler en station puis à monter Tom Rafting, 3 ans plus tard. Olivier est resté un ami, c’est un homme généreux et disponible qui n’hésite jamais à tendre la main. Rencontrer des personnes comme lui quand on est jeune peut contribuer à façonner un parcours. Je lui en suis très reconnaissant.

Mon Brevet d’État canoë-kayak en poche, j’ai travaillé durant deux étés en Espagne dans une importante entreprise de sports outdoor, sur la Noguera Pallaresa. Ce fut pour moi l’occasion de côtoyer des guides issus d’autres continents, de me créer un réseau, de mieux définir mes goûts et mes envies, d’apprendre l’espagnol et de perfectionner mon anglais.

En 2007, j’étais prêt !

L’heure était venue de faire le grand saut, un saut que je maîtrisais moins qu’un « boof » (saut de cascade en kayak) mais qu’il était temps pour moi de franchir. Fort de l’expérience que j’avais acquise, seul et grâce à ceux qui avaient partagé avec moi leur temps et leur savoir-faire, j’avais à présent envie de vivre de ma passion à ma manière. Mon désir d’indépendance et de liberté, mais aussi de simplicité et de partage, comptent parmi les valeurs à l’origine de Tom Rafting, avec laquelle j’accompagne depuis lors petits et grands sur les rivières. Durant les premières années, j’ai fonctionné avec 2 rafts prêtés par mon mentor de Dordogne, 1 camion et même pas de remorque ! Je me suis construit petit à petit, consacrant chaque année mes bénéfices à l’acquisition de nouveau matériel. Quand je vois aujourd’hui mon camion personnalisé, ma nouvelle remorque, ma cabane remplie de bateaux, de casques, de gilets et de pagaies, je souris en me rappelant comment j’ai commencé !

Souvent, les gens me disent que j’ai de la chance.

C’est absolument vrai et il ne se passe pas un jour sans que j’en sois conscient et reconnaissant. Mais j’ai aussi le mérite d’avoir osé prendre des risques, autant dans ma vie professionnelle qu’en tant qu’athlète du temps de la compétition. Je souhaite que mon parcours, assez atypique, puisse inspirer ceux qui ne se sentent pas à leur place, notamment dans le système scolaire et les inciter à poursuivre leurs rêves et à tout faire pour vivre de leur passion. J’essaie également de tendre à mon tour la main à des jeunes, comme d’autres m’ont tendu la leur. Et de garder le sourire, en toutes circonstances. »